Crues historiques en Bourgogne : l’urgence de l’adaptation
Après chaque épisode de crues, vient le temps de l’analyse et du débat autour des catastrophes naturelles, pourtant ces phénomènes sont connus et s’accélèrent.
Face à la détresse et le désarroi des victimes, depuis ce week-end en Bourgogne Franche-Comté, il est temps d’écouter les propositions issues de travaux scientifiques ou encore de retours d’expériences documentés.
Si M. Accary, président du Département de Saône-et-Loire, cherche, à
juste titre, des explications à la présence d’arbres et de morceaux de
bois dans les rivières, le prétendu non-entretien des fossés, si
rassurant soit-il par la simplicité de la solution, est évidemment bien
faible face à la réalité des faits, et bien insuffisante pour gérer les
risques et expliquer l’impact économique et social des crues.
Dans un premier temps, la lutte pour réduire les émissions de CO2, et
toute la décarbonation de nos économies, sont les seules solutions pour
protéger les habitants d’une aggravation à venir, en agissant à la
racine sur les plus gros postes d’émission (transports, bâtiments,
alimentation…) et espérer réduire l’intensité des phénomènes naturels.
En matière d’adaptation, l’enjeu est bien d’engager
collectivement le passage d’une culture d’aménagement du territoire et
d’urbanisme où l’étalement urbain n’ont fait que provoquer et
démultiplier le ruissellement de l’eau (imperméabilisation des zones
urbaines et industrielles, arrachage des haies, drainage des champs,
cultures et vignes sans couverture de sol…) à l’urgence de ralentir
l’écoulement de l’eau par des sols vivants pour absorber les pluies, via
la réimplantation de haies capables de ralentir les ruissellements et,
autant que possible, la gestion de la pluie à la parcelle en zone
urbaine.
En parallèle, la culture du risque mérite d’être plus présente dans
notre quotidien. Au-delà de la gestion des crises, il convient de poser
la question de l’avenir du bâti et aménagements existant dans les zones
inondables. Face à des crues récurrentes, qui touchent les habitations
comme les entreprises, mettre l’ensemble des biens hors d’eau n’est pas
toujours facile, c’est pour cela qu’il faut que l’État et les assurances
généralisent l’accompagnement à l’évaluation des risques pour le bâti
et financent soit des reconstructions résilientes, soit des
délocalisations.
Toutes ces solutions existent et méritent d’être amplifiées. Les
syndicats de rivières, les syndicats en charge de la question de l’eau
sont des acteurs formidables de l’adaptation climatique, de prévention
des risques (inondations comme sècheresses) et de concertation pour
construire avec l’ensemble des parties prenantes ces solutions
d’adaptation qui nécessitent des moyens importants et une méthode
adaptée. Les besoins en travaux pour permettre à nos territoires
d’amortir les chocs sont immenses. Je le constate tous les jours dans
mon mandat. L’heure est sans doute venue de renforcer nos dispositifs et
équipements pour réduire les vulnérabilités et faire que nous puissions
vivre, bien, décemment, en sécurité, malgré des pluies intenses qui
sont, d’ores et déjà et pour longtemps, notre quotidien.
Claire Mallard, présidente du groupe Écologistes & Solidaires
Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté