L’indignation à géométrie variable du député et conseiller régional Rémy Rebeyrotte
Ce qui est remarquable avec Rémy Rebeyrotte, depuis qu’il est député macroniste, c’est que lorsqu’on ne lui demande pas son avis, il le donne avec une régularité de métronome. Par communiqués de presse essentiellement. C’est même à cela qu’on le reconnaît : il s’exprime sur tout et, surtout, sur n’importe quoi, mais toujours en prenant soin d’être absolument d’accord avec le gouvernement qu’il espère ainsi intégrer un jour en cas de remaniement.
Au moins, quand il est de la sorte occupé à chanter la gloire d’Emmanuel Macron ou à applaudir les lubies et reniements du « nouveau monde », ne fait-il pas de saluts nazis devant ses collègues de Renaissance, désormais prêts à suivre Marine Le Pen sur le terrain de la « préférence nationale ».
S’il parle habituellement à tort et à travers, il ne faut en revanche pas compter sur Rémy Rebeyrotte pour répondre précisément à une question qui lui est posée.
Un exemple ? Vendredi dernier, Claire Mallard, présidente du Groupe des élus écologistes à la région lui a demandé, ainsi qu’à ses camarades et aux élus de LR, s’il cautionnait les insultes à l’égard des agents publics et élus de la Région Bourgogne-Franche-Comté proférés par les militants de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et des jeunes agriculteurs (JA), ainsi que les dégâts et dégradations de biens publics perpétrés par ces derniers, alors qu’ils étaient rassemblés devant le siège du Conseil régional à Dijon. Question logique puisqu’ils étaient les uns comme les autres à leurs côtés à tour de rôle, affichant une connivence que de nombreuses photos ont immortalisée.
Depuis vendredi dernier, la réponse se fait attendre, comme si elle importait peu. Pourtant, les citoyens-contribuables, qui vont devoir régler une facture évaluée à au moins 200 000 euros par le maire de la ville, aimeraient bien savoir ce que pense Rémy Rebeyrotte de ces agissements violents. Surtout quand on leur explique qu’il n’y a plus assez d’argent dans les caisses, que la dette publique est insoutenable et qu’on leur demande de se serrer la ceinture, quand on supprime ou saborde des services publics aussi important que celui de la santé, pour ne citer que celui-là.
En juin dernier, alors que personne ne lui avait demandé son avis, Rémy Rebeyrotte avait qualifié d’ « inacceptables » les émeutes survenues dans notre département. Il n’avait, dans le même état d’esprit, pas eu de mots assez durs au début de l’année 2023 contre la désobéissance civile de mouvements écologistes dirigée contre des projets de méga-bassines jugés illégaux en octobre par le tribunal administratif de Poitiers. Peut-on déverser du fumier, perturber les services de transport en commun d’une métropole au mépris des usagers, dégrader des bâtiments payés par l’argent du contribuable quand on fait partie de la FNSEA ou des JA ? Peut-on tout se permettre quand on bénéficie de tracteurs et de bennes largement financées par la politique agricole commune au détriment d’une transition agricole de plus en plus nécessaire ?
Dans une fable célèbre, « les animaux malades de la peste », Jean de La Fontaine concluait ainsi: « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir". Avec Rémy Rebeyrotte, député faible avec les forts et fort avec les faibles, et dont l’indignation est à géométrie variable, on ne change pas d’époque. Décidément, le « nouveau monde » ressemble beaucoup à l’« ancien »…
Dominique Cornet Pour la coordination départementale 71 « les Ecologistes »