Ne pas hurler contre les loups !
Europe Écologie – Les Verts Franche-Comté et Europe Écologie – Les Verts Bourgogne partagent la colère des organisations nationales et internationales de protection de la nature qui siégeaient depuis des années au Groupe National Loup et ont décidé ce soir de le quitter, tant est déséquilibré le contenu du nouveau Plan national d’action 2024-2029 «Loup et activités d’élevage », qui vient enfin d’être publié après de multiples reports (et on comprend maintenant pourquoi !).
Aucune évaluation sérieuse du PNA précédent (2018-2023) n’a été réalisée, ce qui interdit de facto d’évaluer objectivement la situation actuelle : effectif des populations de loups, territoire par territoire ; nature et ampleur des dommages ; efficacité des mesures de protection des troupeaux ; évolution du nombre d’animaux d’élevage tués, ovins et bovins.
Dès lors, tout se vaut, tout est permis. Et le travail sérieux des scientifiques devient inaudible, face aux rumeurs, aux fantasmes, aux évaluations à la louche, aux spéculations… et au jésuitisme de l’État, qui tente de faire-valoir une sorte de ni-ni hypocrite qui ne satisfait personne.
Il faut ici redire que le loup ne dévore pas les petits enfants ; et qu’il bénéficie d’un statut de protection stricte à la mesure de son intérêt pour les écosystèmes forestiers. Ainsi de la régulation des populations de grands ongulés par exemple.
Il faut redire encore que le PNA a pour unique objet de protéger le loup, en organisant sa cohabitation avec le pastoralisme et en mettant en place les indispensables mesures d’accompagnement qui la permettent. Jusqu’ici, le PNA admettait d’ailleurs la nécessité de certains tirs, s’il s’agit du « bon loup au moment » (Jean-Marc Landry). Mais excluait le tir de centaines d’animaux, au risque de déstructurer les meutes, et d’isoler certains individus, poussés à aller au plus facile : l’animal domestique.
En utilisant les dérogations prévues dans le statut de protection pour autoriser le tir indifférencié de centaines de loups, en simplifiant les procédures d’abattage, et – c’est sans doute le plus grave, en préparant le déclassement du loup de la liste des espèces strictement protégées, le gouvernement se joint à la meute de ceux qui hurlent contre le loup et met en péril tout espoir d’une présence viable de l’espèce sur son aire naturelle de répartition. Pour complaire aux exigences des syndicats agricoles ? Pas seulement. Il s’agit aussi de faire des économies, tirer les loups s’avérant moins coûteux que le financement des mesures d’accompagnement des éleveurs et de protection des troupeaux.
Seule une démarche scientifique de connaissance du loup et de sa prédation, ainsi qu’un accompagnement méthodique de l’élevage, permettront d’éviter les attaques et de préserver le travail des paysannes et paysans.
Dominique VOYNET Dominique CORNET
Secrétaire régionale EELV Franche-Comté Secrétaire régional EELV Bourgogne